2021, une saison record pour nos colonies d’abeilles

Les années se suivent, mais ne se ressemblent pas. Chaque saison s’avère différente de la précédente. En tant qu’apicultrices, nos activités restent directement liées à la météo. L’été 2020 était chaud et sec tandis que l’été 2021 a été tout aussi chaud, sinon plus, mais très humide. Les insectes du Québec en ont tiré plusieurs bénéfices, tout comme nos abeilles domestiques.

L’intérieur de la ruche doit atteindre la température idéale de 35 degrés pour permettre au couvain de bien se développer. Les chaleurs de la saison estivale ont donc profité aux abeilles puisqu’il était moins exigeant pour elles de maintenir cette température dans la ruche. Ainsi, elles ont pu s’occuper à autre chose que de réchauffer la ruche. En outre, plus il fait chaud, plus la cire est malléable. Ceci facilite le travail des ouvrières responsables de la production de cire et de la construction des alvéoles.

L’été passé, l’importante sécheresse a occasionné une famine dans plusieurs colonies. En effet, les fleurs étaient pauvres en nectar malgré leur épanouissement floral. Aucun problème de ce côté cet été puisque les taux d’humidité ont favorisé une abondante production de nectar chez les fleurs, et ce, même en l’absence de pluie. Comme quoi les mondes floral et apicole se trouvent intimement liés.

Ces fortes chaleurs nous ont cependant demandé d’exercer une grande vigilance quant à l’approvisionnement en eau pour les colonies. Les abeilles ont besoin de beaucoup d’eau pour nourrir le couvain, pour ventiler la ruche et pour boire, bien entendu.

Ces excellentes conditions ont conduit à un été d’abondance dans les ruches. À tel point qu’une surveillance accrue s’est avérée nécessaire pour éviter les essaimages. Ce phénomène se produit lorsqu’il manque de place dans la ruche pour y stocker le nectar ou lorsque la reine ne dispose pas de suffisamment d’espace pour pondre. Alors, la reine quitte la ruche emportant à sa suite la moitié de la colonie. Une partie de notre travail consiste donc à fournir tout au long de l’été les espaces essentiels à nos colonies en ajoutant des cadres et des hausses aux ruches.

Petite anecdote, malgré les inspections très rapprochées de Johanne, une de ses colonies a tout de même essaimé. Pour récupérer l’essaim perché haut dans un sapin, il a fallu à Johanne déployer savoir-faire et acrobaties aériennes. Opération réussie! L’essaim et sa reine ont pu réintégrer une ruche vide. Tandis que la moitié de la colonie demeurée dans l’ancienne ruche, sans reine, a tout simplement créé une nouvelle reine.

Autre anecdote, les colonies de Tammy-lyne ont fabriqué à quelques occasions des alvéoles supplémentaires entre les cadres pour stocker leur surplus de cire et de nectar. Ce phénomène est arrivé à la fin de l’été, lors de la miellée de verges d’or. Vous l’aurez sûrement remarqué à la fin de l’été, les verges d’or abondaient dans les champs, les bords de chemin, la forêt, partout. Les abeilles en ont donc profité pour emmagasiner beaucoup de miel de verges d’or produit à partir du nectar de cette fleur. Très impressionnante, la couleur du miel, comme de la cire, est du même jaune que la verge d’or. C’est la première fois depuis nos débuts en apiculture que nous assistons à une miellée de verges d’or. Johanne a aussi pu récolter à deux reprises cet été. Une première récolte a eu lieu vers la deuxième semaine d’août. Il s’agissait d’un miel de fleurs sauvages très doux. La deuxième récolte s’est déroulée vers le milieu septembre et se composait uniquement de miel de verges d’or.

Malgré les longues journées de travail harassantes, la chaleur cuisante dans nos combinaisons d’apicultrices et les inspections très rapprochées, nous nous souviendrons longtemps de la saison 2021 comme exceptionnelle et généreuse. Au moment d’écrire ces lignes, nos colonies d’abeilles sont populeuses et en parfaite santé. Les voilà donc plus aptes à affronter le rude hiver qui s’en vient.

(Cet article est paru dans Le p’tit journal de Woburn de novembre-décembre 2021).