Les fantastiques secrets de la ruche : la cire, la gelée royale et le pollen

Au moment où vous lirez ces lignes, nos ruches seront bien emballées et protégées du froid. Nous aurons nourri les abeilles suffisamment pour qu’elles survivent aux longs mois d’hiver, en espérant que tout se passe bien. Pour se tenir au chaud et maintenir un taux d’humidité adéquat dans la ruche, les abeilles formeront déjà une grappe avec la reine au centre. Cette pause nous permet de partager avec vous quelques secrets fantastiques de la ruche.

 

La cire d’abeille,

matière première de la ruche

 

Les abeilles à miel, contrairement aux abeilles sauvages, sécrètent de la cire à partir de quatre paires de glandes situées sous l’abdomen. Elles utilisent cette cire pour construire des cellules de forme hexagonale qui se nomment des alvéoles. Ces alvéoles servent à l’entreposage du miel, du pollen et du couvain (œufs). Que ce soit dans un abri naturel, une poterie, une corbeille en paille ou une ruche (inventée au XIXe siècle), les abeilles restent toujours maîtres de l’aménagement de leurs intérieurs.

La nouvelle cire sécrétée par les abeilles a une apparence plutôt limpide et incolore. Côté architecture, chaque cadre ou rayon comporte plusieurs milliers de petites alvéoles en cire. Certaines de ces loges servent de réserves alimentaires, d’autres de berceau. Les alvéoles qui contiennent la nourriture sont légèrement inclinées pour que le miel ne s’en échappe pas. Les alvéoles construites pour abriter les œufs présentent des formes différentes selon qu’elles accueillent de futures ouvrières, des larves mâles (faux bourdons) ou des larves destinées à se transformer en reines.

Les cirières ont besoin de consommer 8 kg de miel pour produire 1 kg de cire. Mais ce kilo de cire permettra ensuite de bâtir assez d’alvéoles pour contenir 27 kilos de miel. Photographie : Par Merdal sur Wikipédia turc, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=121469

Les cirières ont besoin de consommer 8 kg de miel pour produire 1 kg de cire. Mais ce kilo de cire permettra ensuite de bâtir assez d’alvéoles pour contenir 27 kilos de miel. Photographie : Par Merdal sur Wikipédia turc, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=121469

Toutes les alvéoles de cire sont hexagonales afin de ne laisser aucun interstice entre elles. Il faut maximiser l’espace et éviter le gaspillage de matériau. Aussi l’hexagone est la forme qui correspond le mieux à la morphologie des larves. Du 14e au 17e jour de sa vie, l’ouvrière produit de la cire. Fait pour le moins étonnant, la température de la ruche doit alors s’élever entre 33 et 36 °C.

La gelée royale,

une nourriture haut de gamme

 

Une glande salivaire située dans la tête de l’abeille apparaît vers le 5e jour de sa vie. L’ouvrière se transforme en nourrice jusqu’au 11e jour de sa vie. Elle sécrète alors de la gelée royale, une substance blanche, gélatineuse, très sucrée et riche en protéine. La gelée royale est la nourriture de toutes les larves sans exception, de leur éclosion jusqu’au troisième jour de leur existence. Cependant, les larves choisies pour devenir des reines sont nourries de gelée royale jusqu’au cinquième jour.

Notez bien ce fait extraordinaire : un œuf d’ouvrière et un œuf de reine sont nourris de gelée royale lors des trois premiers jours de leur existence. Puis, au 4e jour, l’œuf d’ouvrière est nourri avec du miel. Ceci lui accorde une durée de vie d’environ 30 jours. Il suffit cependant de nourrir ce même œuf avec de la gelée royale jusqu’au 4e et 5e jour pour le transformer en reine.

Et celle-ci vivra jusqu’à quatre ou cinq ans. Imaginez la force et les propriétés de la gelée royale ! D’ailleurs, la reine est nourrie exclusivement avec de la gelée royale tout au long de sa vie.

Les nourrices doivent effectuer jusqu’à 3000 visites pour nourrir chacune des larves. Sur la photographie, deux jeunes larves de reine flottent dans de la gelée royale. Photographie : Par Waugsberg — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=4036057

Les nourrices doivent effectuer jusqu’à 3000 visites pour nourrir chacune des larves. Sur la photographie, deux jeunes larves de reine flottent dans de la gelée royale.
Photographie : Par Waugsberg — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=4036057


Le pollen,

des protéines indispensables

Contrairement à la cire ou à la gelée royale, les abeilles ne fabriquent pas le pollen. Elles le récoltent sur les fleurs environnantes et le ramènent dans des « corbeilles » situées sur leurs pattes arrière. Ces petites boules se nomment des pelotes. De retour à la ruche, elles déposent les pelotes dans une alvéole.


Par Tammy-lyne Fortier et Johanne Carbonneau

(Cet article est paru dans Le p’tit journal de Woburn de novembre-décembre 2020)

https://www.calameo.com/books/0009021706a8adf9095c2