Les fantastiques secrets de la ruche : le miel, la propolis et le venin

Notre dernière chronique vous a révélé trois secrets de la ruche : la fabrication de la cire et de la gelée royale et la récolte du pollen. Or, les abeilles sont loin de chômer après avoir créé ces richesses. Le travail ne fait que commencer, car elles devront produire pendant leur très courte vie trois autres trésors si elles veulent assurer la survie de la colonie.

 

La laborieuse fabrication du miel

 

Fleur sauvage, trèfle, sarrasin, pissenlit, etc., le miel se décline dans une infinie palette de couleurs, d’odeurs et de goûts en fonction du lieu où se trouvent les ruches. Aliment de base de la colonie, le miel sert à nourrir les larves, à s’alimenter l’hiver, ou encore, à se nourrir si la température empêche les abeilles de sortir. Voici le secret de la fabrication de cet aliment divin.

Dans un premier temps, les butineuses récoltent le nectar des plantes à fleurs à l’aide de leur trompe. Elles le plongent à l’intérieur du pistil de la fleur et aspirent le nectar qui est aussitôt stocké dans une petite poche située dans leur estomac (jabot).

Puis, les butineuses rentrent à la ruche. Elles transfèrent le contenu de leur jabot à d’autres ouvrières dont la tâche consiste à décharger ces provisions et à transformer le nectar en miel.

Les « receveuses » s’échangent alors le nectar de bouche en bouche. Ce procédé se nomme la trophallaxie.

Peu à peu, le nectar prend l’aspect du miel à force de se mélanger à la salive de nombreuses abeilles et à leur suc digestif. Avec la chaleur et l’aération produites par les battements d’ailes, l’eau s’évapore et donne au miel sa substance quasi finale.

En dernière étape, les abeilles emmagasinent le miel dans les alvéoles construites à cet effet. Lorsque le miel atteint l’humidité parfaite pour sa conservation (17 %), elles recouvrent l’alvéole d’une fine couche de cire.


La propolis, un matériau de construction antibactérien

 

La propolis est ni plus ni moins qu’une sorte de mastic fabriqué par les abeilles pour se protéger des intrus et de l’humidité et pour assainir la ruche en permanence. Les abeilles créent ce matériau très complexe et antibactérien à partir d’écorce de conifères et de bourgeons.

Les butineuses récoltent et transportent les boulettes résineuses dans les corbeilles de leurs pattes arrière (de la même manière que le pollen) et les stockent dans les alvéoles. Des « maçonnes » les transforment aussitôt en propolis en mélangeant la résine avec leurs propres salives et d’autres ingrédients comme la cire. Puis, elles appliquent partout la propolis où cela s’avère nécessaire, par exemple pour colmater des fissures, protéger la ruche contre l’humidité, aseptiser les cellules avant la ponte de la reine, etc.

Cette substance thérapeutique sert aussi à momifier les gros intrus qui s’aventurent dans la ruche et qui sont trop lourds à sortir une fois tués (comme les souris). Ainsi, elles évitent que les cadavres contaminent la colonie en se décomposant.

Sur la photographie, des boulettes de propolis pure. Une colonie produit entre 100 et 300 gr de propolis par an. Photographie : Par Epukas, Public domain, via Wikimedia Commons

Sur la photographie, des boulettes de propolis pure. Une colonie produit entre 100 et 300 gr de propolis par an.
Photographie : Par Epukas, Public domain, via Wikimedia Commons


Le venin, une arme de dernier recours

 

Les abeilles possèdent une glande à venin et un sac à venin, le tout assorti d’un dard nommé aussi aiguillon. Lorsqu’elles piquent un mammifère ou un être humain, les crochets de leur aiguillon s’accrochent à la peau épaisse. Le dard et le sac à venin restent alors emprisonnés dans la peau. L’abeille en meurt, comme éventrée. Après la piqûre, le sac à venin relié à l’aiguillon s’anime de spasmes, ce qui contribue à injecter encore plus de venin.

L’abeille sait d’instinct qu’elle mourra si son aiguillon reste emprisonné. C’est dire combien elle se sert de son dard qu’en dernier recours. Elle ne pique donc que pour défendre la colonie ou quand elle se sent menacer. Très rarement lorsqu’elle butine.

Chez la plupart des personnes, une piqûre d’abeille entraîne une réaction locale, soit de la douleur, un gonflement et des rougeurs autour de la piqûre. Un très faible pourcentage de la population (2 %) serait cependant allergique au venin et présenterait des réactions plus sévères.

Les abeilles réussissent à produire en abondance de la cire, de la gelée royale, du miel, de la propolis et du venin grâce à leur intelligence collective.

Très tôt dans son histoire, l’humanité a pris conscience de son intérêt à les protéger, les observer, les héberger et les élever. L’abeille reste sûrement la plus ancienne amie de l’être humain. Nous verrons pourquoi dans nos prochaines chroniques.


Par Tammy-lyne Fortier et Johanne Carbonneau

(Cet article est paru dans Le p’tit journal de Woburn de janvier-février 2021)

https://www.calameo.com/books/000902170cbd9d7e4b13d